S03E01 – The Science fiction guide to the galaxy

Ce sera l’un de mes gros projets de cette année 2016 : les éditions Vendémiaire et moi-même avons signé un contrat pour la rédaction d’un ouvrage sur les séries de science-fiction, au sein de la toute jeune collection « L’Univers des séries », dirigée par Ioanis Deroide, auteur de Les Séries TV – Mondes d’hier et d’aujourd’hui. A l’image de cet ouvrage, la collection qu’il dirige chez Vendémiaire reprendra une approche à la fois générique, géographique et socio-culturelle, pour s’intéresser par exemple aux séries politiques états-uniennes (François-Ronan Dubois), aux séries historiques françaises (Margot Boutges et Sophie Paulet), ou encore à un « atlas de la curiosité télévisuelle » (Ladyteruki).

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Vous le devinerez peut-être, c’est sur la science-fiction que se concentrera ma contribution à la collection, dont le manuscrit (léger, aux alentours de 300 000 signes) devrait être rendu fin juillet 2016. Les séries de science-fiction étaient déjà le terrain de ma thèse soutenue en novembre 2015, mais pour ce panorama de la science-fiction télévisuelle qui vise large, dans le temps et dans l’espace, il me faut encore en regarder un paquet. L’exercice, bien entendu, ne sera pas pour me déplaire.

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Toutefois, il ne s’agira pas simplement de proposer une liste de séries accompagnée d’une rapide critique – ce n’est pas l’objectif de la collection, pas plus que le mien. Je me focaliserai sur la notion de « mythologie » d’une série (au sens où l’emploient scénaristes, fans, critiques et universitaires – voir ce billet). La mythologie, cette notion fluide, liminale, dynamique, recouvre à la fois : le déploiement de l’intrigue « macroscopique » (à long terme) de la série ; l’articulation et la densification d’un monde fictionnel complexe ; la constitution progressive d’un tissu symbolique, à rapprocher de la « matrice sérielle » de Guillaume Soulez. Ma thèse a été l’occasion d’une première exploration de cette notion omniprésente mais jamais vraiment définie par les universitaires ; cet ouvrage me permettra une nouvelle descente dans les tréfonds de ce point aveugle de la recherche sur les séries télévisées.

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L’ouvrage que je propose, plutôt que se borner à détailler l’histoire des séries de science-fiction (cela a déjà été fait), s’intéressera spécifiquement à ces séries qui proposent une intrigue au long-cours (ou du moins, esquissent une forte continuité) et un monde fictionnel vaste et complexe, tout en exploitant le sublime qui caractérise le genre de la science-fiction. Cela me permettra ainsi – je l’espère – d’éclairer un peu plus à la fois les origines de la notion de « mythologie » appliquée aux séries, mais aussi la raison de son apparition au sein de ce genre (elle a été popularisée par The X-Files et d’autres séries de science-fiction).

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Vous pourrez suivre la rédaction ponctuée de marathons sur mes comptes Twitter professionnel et personnel, sous le hashtag #MythSérieSF : j’y offrirai sans nul doute, au-delà des coulisses de la rédaction agrémentées de .gif animés, des critiques rapides des séries visionnées, tweets que je rassemblerai dans un Storify une fois la rédaction terminée (une méthode qui m’a beaucoup aidé durant la rédaction de la thèse…). Sur ce… Allons-y !

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S02E02 – Die me, mythology

De même que John Crichton, l’astronaute de Farscape (Nine Network/Sci-Fi, 1999-2003) cherchant à résoudre le mystère des trous de ver pour rentrer chez lui, nous autres chercheur.se.s, nous cherchons. Des financements, surtout, mais parfois aussi des réponses à nos questions. Voilà trois ans et demi que je cherchais dans le cadre de ma thèse portant sur l’unité narrative des séries télévisées contemporaines. Il y a quelque mois, à ma grande surprise, j’ai trouvé. En l’occurrence, je l’ai trouvée, l’unité. Elle n’est pas apparue dans un concept théorique que j’aurais fabriqué de toutes pièces. Elle était là, depuis le début, omniprésente. Je veux parler de la notion de mythologie (au sens de « la mythologie d’une série télévisée »). Une notion employée par les sériephiles et les critiques, reprise par les universitaires sans chercher à la définir. Depuis quelques années, le vide théorique autour de la notion de mythologie m’intriguait. Comment le terme, proposé vraisemblablement par Chris Carter, le créateur de The X-Files (Fox, 1993-2002), pouvait-il s’être infiltré dans la majorité des discours sur les séries en ayant échappé à toute réflexion ?

Ce billet sans spoilers majeurs anticipe sur une partie importante de ma thèse, et rassemble mes observations sur le sujet, l’avis de quelques collègues ainsi que des sériephiles à qui j’ai posé la question ; je tenterai aussi d’y apporter une première définition. Il est assez long, car riche de citations, d’extraits de conversations et sondages informels sur Twitter et Facebook : en effet, avant d’en appeler à la brigade théorique, il semble qu’il faille, pour comprendre mythologie, choisir une approche empirique. L’animal est sauvage et mystérieux, et c’est sur son terrain que nous devrons nous aventurer pour le comprendre, armés de la théorie des mondes possibles, d’un bon moteur de recherche et de quelques .gif animés de Farscape.

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S02E01 – A New story in the old world

Fringe
Fringe

Cette réflexion a été entamée sur la base d’une idée développée par Vladimir Lifschutz, actuellement doctorant à Lyon 2 sous la co-direction de Martin Barnier et Jean-Pierre Esquenazi. Vladimir est en quelque sorte mon doppelgänger théorique puisque, là où je travaille sur la capacité d’une série à se construire dans une perspective téléologique, à s’orienter dès ses prémisses vers une fin promise pour constituer une unité narrative d’un genre nouveau, lui s’intéresse à « ses moyens fictionnels [pour lutter] contre la fin et l’oubli », à la façon dont la série joue avec le temps qui paradoxalement est son pire ennemi. Nos questionnements se rejoignent en empruntant des chemins parallèles.

Attention : légers spoilers sur les fins de Battlestar Galactica, Babylon 5, Scrubs, Fringe.

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S01E04 – The Tumblr kind

Fringe - The End of all things (S04E14)
FringeThe End of all things (S04E14)

[Want to read that post in english ? Go THERE]

[Ce billet résume une communication donnée à la journée doctorale de l’AFECCAV, à Paris, le 7 septembre 2013, et s’en écarte en présentant en détail une méthodologie.]

Dans le cadre de ma thèse portant sur la complexité narrative des séries télévisées, je me suis lancé dans une étude de réception autour de la série Fringe (Fox, 2008-2013). Arrivée au terme de ses cinq saisons, elle a tiré sa révérence selon ses termes le 18 janvier 2013. 24 heures plus tard, j’étais sur le réseau de microblogging Tumblr pour récolter les réactions des utilisateurs. Ce billet est une tentative d’explorer la méthodologie requise pour l’analyse d’un flux sur Tumblr : en effet, j’ai été bien incapable de trouver une méthodologie toute faite, car peu de chercheurs semblent s’intéresser à Tumblr. On va d’abord parler technique, et j’analyserai ensuite brièvement les résultats que j’ai pu récolter. Attention, quelques spoilers sur la série se baladent dans ce billet. Lire la suite S01E04 – The Tumblr kind

S01E03 – ?

BSG - Someone to watch over me (S04E17)
BSG – Someone to watch over me (S04E17) 

« It’s the character, stupid » – Ronald D. Moore, parlant de la fin controversée de Battlestar Galactica (si l’on en croit la légende). Les personnages sont l’élément le plus important d’une histoire. L’intrigue? On l’expliquera avec un deus ex machina et deux-trois éléments de science-friction.

J’ai mis du temps à accepter l’idée que les personnages puissent avoir autant d’importance. J’ai longtemps été un lecteur, un spectateur obsédé par l’intrigue. Je pratique toujours, à mon niveau, ce qu’on appelle l’herméneutique : l’art d’interpréter. Lost m’a ainsi obsédé pendant des années. Je faisais partie de ces fans qui sillonaient les forums pour échanger des théories. Puis, lors des deux dernières saisons, j’ai compris que le dénouement de Lost ne viendrait pas de son intrigue, mais de ses personnages. Le dénouement d’une relation humaine, d’une quête d’identité, voilà quelque chose qui était encore nouveau pour moi, et que Fringe m’a vraiment poussé à apprécier, Fringe et sa satanée tulipe blanche.

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S01E02 – The Deconstruction of falling stars

Olivia Dunham connecte les fringe events de la saison 1 et comprend que tout est lié... (Fringe, S01E20)
Olivia Dunham connecte les fringe events de la saison 1 et comprend que tout est lié… (Fringe, S01E20)

La série est-elle un récit ?

Derrière cette question digne du Point (les séries, qui sont-elles, quels sont leurs réseaux ?) se cache une de mes principales obsessions quand j’étudie les séries télévisées : peut-on analyser certaines séries télévisées comme proposant un grand récit unifié et cohérent ? C’était l’objet d’une communication donnée lors de la journée d’études « Enjeux méthodologiques des séries télévisées » – sous-entendu, « comment diable fait-on pour analyser Game of Thrones, Grey’s Anatomy, Braquo et Plus belle la vie ? »* Lire la suite S01E02 – The Deconstruction of falling stars

S01E01 – Pilot

Lost - S03E05
Lost – S03E05

Puisqu’il faut bien commencer quelque part, voici un billet pilote. Rassurez-vous je ferai court. Et puis je n’ai pas une super présentation vidéo comme Juliet.

Dans la « vraie vie » et lorsque je rencontre des collègues, je suis Florent Favard, doctorant en deuxième année à l’université Bordeaux 3. Je travaille sous la direction de Pierre Beylot sur la complexité narrative des séries télévisées de science-fiction contemporaines – mais souvent quand les gens me demandent, je dis : « Je travaille sur des séries comme Lost » et tout le monde part d’un grand « aaaah OK« .

Sur le Net j’officie sous les pseudos GRLC / Rasebelune, et je publie principalement sur le  blog du GTFK, l’association dont je suis président. Nous parlons de  séries, de sorties cinéma et de jeux vidéo, et faisons découvrir, au monde entier à notre coin perdu des Internets, des illustrateurs et photographes ; nous planchons sur notre projet de jeu de plateau, Krysalis, actuellement en phase de bêta-test.

Comme il m’est difficile de causer séries d’un point de vue plus académique chez GTFK (on essaie de rester accessibles), ce blog me permettra de proposer des réflexions un peu plus alambiquées. Mais je n’aime pas les mots compliqués alors ne vous attendez pas à du Hypokhâgne : je crois en l’accessibilité du savoir au plus grand nombre, et si une idée peut être reformulée c’est qu’elle a été comprise.

Le projet consiste aussi à monter une petite vitrine pour mes recherches de doctorant, et surtout – c’est pour le moment mon objectif principal – à partager les résumés de mes communications – toujours avec cette idée d’accessibilité de la recherche. Je suis toujours ravi de trouver des communications, voire des articles disponibles sur les blogs de mes chercheurs favoris (parce qu’on a aussi nos rock-stars). Alors je suis mes modèles, à ma modeste mesure.

Vu que je suis passionné par tout ce qui touche de près ou de loin au récit, aux fictions populaires, voire au transmedia, ce blog me servira aussi à publier quelques idées. Pour les critiques de séries en mode fanboy ou au vitriol, voyez plutôt avec mon doppelgänger GRLC sur le blog du GTFK.

Ah mince, un mot assez rare. Et en allemand, en plus. Il est temps de conclure ce billet.

Florent FAVARD. Docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, je parle narratologie, séries télévisées et genre de l'imaginaire. Avec des gifs.